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Les mots du dimanche

Par Michelle Courchesne

Carte des vins

Pour illuminer la grisaille de novembre, il existe un antidote absolu: l'amitié.

Un mélange d'admiration, d'attirance inavouée, d'enthousiasme partagé, de complicité débonnaire inébranlable, de rigolades interminables, de danses improvisées, de repas préparés à grand coups de gourmandise et arrosés de joie de vivre, d'échanges vivifiants, de services offerts sans attente de retour, de confidences gardées des jours, des semaines, des années.

Sur la grande table de la vie, l'amitié désorganise et revigore. Arrivée en coup de vent ou en germination paresseuse, elle peut repartir sans crier gare ou s'éterniser au-delà du temps. Ce n'est pas à nous de choisir, elle fait souvent à sa tête, monstre bicéphale, laissant traîner derrière les adieux un sillage lancinant, parfois sucré, parfois amer. L'amitié peut aussi disparaître comme un jeu de cachette où nous n'arrêtons plus le décompte, les yeux fermés sur autre chose, et oublions de dire: "Prêt pas prêt, j'y vais!".

Dans le jeu de l'amitié, à nous de décider de sucer ad vitam aeternam les restes qui s'empilent, les cachettes oubliées, ou de tourner la page.

Lorsqu'elle s'installe dans les longues journées froides, l'amitié illumine sans éblouir, entourant d'un foulard de laine tricoté à la main les soubresauts qui nous écorchent.

Lorsqu'elle se montre le bout du nez aux jours de canicule, l'amitié rafraîchit, se riant de l'abondance de trois fois rien.

Rassurante, l'amitié reste lorsque l'amant part; elle écoute les cauchemars ou les merveilles qu'il a abandonnés derrière lui.

Lorsque la mort insiste, l'amitié pleure avec nous.

Puisse l'amitié transformer vos paysages.

 

Texte et photos de Michelle Courchesne

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