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Les mots du dimanche

Par Michelle Courchesne

Avertissement de chaleur intense

Engourdissement

Les deux pieds dans un bac d'eau froide, je reprends ma fraicheur

Elle nous est tombée dessus sans prévenir

Accablant nos épaules de la lourdeur d'une canicule

Battant des records pendant que nous battions de l'aile

La température a bousculé nos conceptions de septembre


Certains supportent la chaleur, en redemandent, jamais assez chaud, jamais assez ensoleillé, pour ma part, je cherche l'ombre, la branche amicale qui servira de bouclier, fournissant les degrés de moins qui permettent de supporter ce temps déréglé. Ma visiteuse d'un pays chaud espérait une pause fraicheur en ces contrées du nord. L'humidité en plus, elle retrouve presque les 40˚C de ses étés méridionaux. Pour ma part, pas facile de dormir sur mes deux oreilles quand le ventilateur n'a pas le temps de sécher ma peau moite.

© Photo de Michelle Courchesne

La chaleur, symbole de l'action, de la création, de la fécondité, énergie vitale qui peut devenir destructrice de vie, ruiner les récoltes, assécher les rivières, faire fondre les glaciers. L'évoquer invoque les changements climatiques que les climatosceptiques peuvent bien ignorer mais qui menacent la disparition d'innombrables espèces animales et végétales. Je ne serai peut-être jamais grand-mère, la jeunesse refusant de plus en plus de mettre au monde de futurs humains condamnés à subir les conséquences des générations précédentes.

Ma génération est accusée et se sent coupable mais ne devrait pas être seule tenue responsable car ce n'est pas d'hier que des visionnaires nous préviennent de la débâcle possible. En 1972, un groupe de chercheur du Massachusetts Institute of Technology (MIT) rédige "The Limits to Growth" qui, comme son nom l'indique, avertit que les ressources ne sont pas inépuisables. Un siècle plus tôt, Henry David Thoreau, dans son "Walden ou La vie dans les bois" (1854), réfléchit au rapport entre la nature et l'économie, enjoignant ses lecteurs à retourner à une vie plus simple.


Comment sortir de l'engrenage de la consommation? Comment dire non aux dictatures qui se sont empressées de nous fournir les biens à l'obsolescence programmée dont nous sommes devenus esclaves? Comment se déplacer sans puiser dans des réserves qui s'épuisent? Comment faire bouger les géants du 1%? Est-ce que nos gestes individuels seront suffisants pour enrayer le décompte?


Toutes ces questions tournent et retournent et passent et repassent dans ma tête. Sans réponses. Une sorte de bourdonnement constant et incontrôlable qui m'éloigne d'une connexion avec cette énergie vitale qui serait la source de la fin des besoins. Juste ici et maintenant. Quel paradoxe: arrêter de penser pour trouver la solution! Eckhart Tolle parle de corps de souffrance qui peut être aussi bien individuel que collectif: "Peut importe quelle proportion de votre corps de souffrance appartient à votre nation ou votre race, et quelle proportion est personnelle. Dans un cas comme dans l'autre, vous ne pouvez le transcender que si vous prenez la responsabilité de votre état dans l'immédiat. Même si le blâme semble plus que justifié, aussi longtemps que vous blâmerez les autres, vous continuerez à sustenter votre corps de souffrance avec vos pensées et vous resterez prisonnier de l'égo. Il n'y a qu'un seul bourreau sur la planète, l'inconscience humaine. C'est le fait de réaliser cela qui constitue le véritable pardon. Avec le pardon, votre identité de victime se dissout et votre véritable pouvoir émerge, le pouvoir de la présence. Alors, au lieu d'accuser l'obscurité, vous faites surgir la lumière." (Nouvelle Terrre, 2005)


Faire surgir la lumière Un souhait que je lance Immense et minuscule Contenant le germe d'un monde nouveau



 

© Texte de Michelle Courchesne


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