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Les mots du dimanche

Par Michelle Courchesne

Rendez-vous

Pointe des pieds Rencontre avec l'artiste au lieu mauve Liberté luciole folle Le rire de la rose absout les mélancolies L'ubiquité est infinie


En me réveillant ce matin, je n'entendais pas ses petits chaussons roses anti-dérapants trotter dans l'appartement, discrets, déterminés à ne pas nous déranger mon amoureux et moi qui l'hébergions pour trois semaines, de retour à ses racines québécoises.



Christiane a marié un français du sud de la France qui n'a pas supporté l'hiver. On peut le comprendre. Cela oblige mon amie à venir en pèlerinage au Québec, le plus souvent possible, pour prendre un bain d'accent québécois, d'amitiés sincères et de rencontres de coeur à coeur. Moi, je l'accompagne, je profite aussi de tous nos instants ensemble, la suivant dans ses retrouvailles.


Nous nous connaissons depuis le secondaire, ça fait déjà un bail, et nos échanges vont directement au coeur, à la parole libre, aux confidences de fin de soirée et aux rires de parties de Scrabble (Elle m'a battue à plate couture!). Ce concentré de vie qu'elle s'offre en venant ici m'a happée avec ravissement. Son clan est composé d'artistes, de chanteurs, de musiciens, de guerrières de la vie, d'humoristes du quotidien que les tables de jardin invitent à la rigolade. Son clan recoupe le mien, diagramme de Venne invisible que les années ne peuvent détruire. Repas arrosés et cuisine attentionnée, je referai sa recette de pâtes au citron!


Cette amie chante, depuis toujours. Elle m'a expliqué que lorsque la voix vibre à partir des cordes vocales, la chanteuse peut garder la note très longtemps parce qu'elle ne perd pas d'air. Pour le prouver, elle a allumé une bougie et l'a placée devant ma bouche: "Fais une note!". Je me suis exécutée et, à ma grande surprise, la flamme n'oscillait pas du tout, prouvant que ce n'était que des vibrations qui s'échappaient de moi.


À chacune de ses visites, Christiane rassemble des musiciens et présente une soirée de jazz au Dièse Onze: Muhammad Abdul Al-Khabyyr au trombone, Jean Cyr à la contrebasse, Camil Bélisle à la batterie, Anthony Rozankovic au piano et, elle-même, Christiane Raby, voix et flute traversière. Sa voix vibre directement de l'âme. Elle nous atteint là où nous sommes sans défense, prêts à nous ouvrir à la Beauté du Monde. La petite scène s'envole. Une autre dimension nous a happés. Nous mourrons satisfaits, ayant connu la joie de la vibration pure, comme l'amitié qui vibre sans éteindre la flamme.


C'est fini. Départ. Vol planifié. Retour au travail. Visites promises. Plus tard. Personne n'aime le point, qu'il soit final ou d'exclamation. Je préfère, pour cette fois, afin de savourer plus longtemps ce rendez-vous avec l'artiste, les points de suspension...


Prenez le temps de l'écouter...

 

© Texte et photo de Michelle Courchesne






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