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Les mots du dimanche

Par Michelle Courchesne

Sortir de sa zone de confort

Fumier

Foin

Maïs séché dans les champs

Humus

Feuilles grenat

Rubis

Zircon

Émeraude

L'automne s'épanche

L'ouest prend son temps

Pour que les pommes

Gonflent de leur soif

De terre

Pour que le voilier

Plumetis bruyant

Parte au jardin d'Éden

Pour que ta bouche ait soif

De la mienne

 
Pomme, pomme

Mon amie Hélène, qui est déménagée sur la Côte-Nord pour cohabiter avec la mer, passe du temps dans "le sud" cet automne. La fin de semaine dernière, elle est venue avec sa soeur Rachel et sa belle-soeur France passer du temps dans mon patelin. Elles m'ont invitée à aller visiter leur cousin que je n'ai vu qu'une seule fois, il y a bien longtemps.

J'ai sorti toutes les excuses pour ne pas y aller : que je voulais faire du ménage avant de les voir... et préparer les souper avant qu'elles n'arrivent...(trop de personnes que je ne connaissais pas)...


"Ta maison est belle même si tu fais pas le ménage! Pour le souper, on va s'arranger!"


Le soleil et les couleurs de l'automne on été les derniers arguments: je suis partie avec elles à l'aventure, serpentant les routes secondaires menant à la maison de leur cousin. Quelle beauté! Quelle lumière! Je ne conduisais pas (Merci France!), j'avais tout le loisir de savourer l'enchantement.


Chez le cousin, dans la forêt, nous avons fait connaissance avec ses deux gros chiens pour lesquels nous servions d'apprentissage de la sociabilité: tant que tu jappes fort, personne n'approche; calme toi et on viendra vers toi. Une fois ses toutous calmés, nous avons fait le tour du propriétaire. Sur un tas de compost à l'écart de son enclos, des courges avaient décidé de pousser. Hélène en a kidnappé une pour notre souper.


Autour de la maison, les poules rôdaient, picorant obstinément le sol à la recherche d'insectes gras ou croustillants à se mettre dans le bec. Je me suis mise à converser avec l'une d'elles, imitant son gloussement roucoulant. À ma grande surprise elle s'est approchée de moi, jusqu'à arriver à mes pieds. J'ai senti que je pourrais la prendre alors je me suis penchée et je l'ai saisie avec douceur. Elle s'est laissée prendre. Je profitais de la zoothérapie pour me brancher sur la simplicité qu'elle m'offrait: ton énergie me plait, je veux bien être dans tes bras.


Au revoir cousin, merci pour la promenade et les verres d'eau!


Le soir, pour le souper, nous avons finalement mangé là où les filles résidaient pour la fin de semaine, nous régalant de bagels au fromage à la crème et au saumon fumé. Je n'ai rien eu à préparer.


Le lendemain, nous partions à la recherche de friperies, de bric à brac, de tissu. Hélène a trouvé du lainage pour fabriquer des rideaux isolants. Je suis repartie avec du pied de poule à 2$ le mètre et un t-shirt rayé 100% coton, à 2$ aussi! Jubilation de la glaneuse! Le soir, comme promis, avec l'aide de la marmitonne Hélène, je leur ai préparé un poulet rôti à ma manière, servi avec de la courge tranchée et des pommes de terre cuites au four enrobées d'huile, parsemées de marjolaine. Un repas de saison! Le doux réconfort d'un four qui chauffe. Désolée pour ton amie, poulette!


Cot, cot

Le plus merveilleux de l'histoire c'est que la conversation roulait doucement et profondément, comme les routes que nous avions parcourues. J'ai découvert chez la soeur et la belle-soeur de mon amie Hélène des personnes authentiques, ouvertes, sensibles. Nous avons parlé art, voyage, cuisine, bons vins, famille, psychomagie et j'en passe et j'en oublie.


Dimanche, c'était le tour de la belle Carmen de passer me voir. Ensemble, nous sommes allée chez Lyse qui gardait pour moi une de ses oeuvres en tapis crocheté. Des amies que je connais depuis 34 ans. La conversation a repris là où on l'avait laissée: à l'essentiel. Assises face au mont Sutton, dans les couleurs de l'automne, interrompues par sa petite fille qui venait fouiner entre deux promenades de tracteur avec son grand-père, entourées de coccinelles éperdues de chaleur, nous avons eu le bonheur d'être là, ensemble. Les dahlias fuchsia lançaient leurs ultimes chants avant l'hiver.


Entre chien et loup, laine crochetée sur lin, Lyse Lefebvre, 20 x 20 cm

Ensuite, nous sommes toutes allées au lancement du livre de Vandana Gillain: "Effleurements d'invisible", à L'Échappée Belle, à Sutton. Patiemment, la peintre et auteure, nous a dédicacé notre copie de son album joignant ses textes et ses peintures. "Quelle couleur voulez-vous?" nous disait-elle en montrant sa collection de stylos-feutres. Rouge. Merci.


Vandana signe avec un stylo-feutre bleu.

Je passe beaucoup de temps seule. J'aime cette solitude, incubateur de création, guide de l'illumination, générateur d'ennui. Le silence ne m'effraie pas le moins du monde car je peux y percevoir le bruissement des feuilles ou le battement de mon rêve. La rumeur du monde crie fort. Je préfère la musique immobile. Pourtant, cette fin de semaine remplie d'humain.e.s à connaître, de conversations régénératrices, de ferrailles et de retailles m'a remplie à ras bord! J'ai fait le pas pour sortir de mon cocon confortable et familier, j'en suis ressortie vivifiée.


Je termine en vous confiant la simplicité de Rickie Lee Jones qui, en 1979, évoque son état lorsque tout le monde est parti. C'est la nuit. Les lampadaires s'allument dans la rue. Mélancolie et joie.



 

© Michelle Courchesne, texte et photos.

3 comentarios


Alain Martin
Alain Martin
27 oct

Michelle, tu es extraordinaire ! Qu elle plume ! Tu as tellement de facilité à d écrire une situation…..continue…. À bientôt ! Pauline 🙋‍♀️ 🎃

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Linda Beenau
Linda Beenau
22 oct

My Dear Michelle, how I love reading your words. I find so much truth, common threads.... I'm appreciative of the google translator too. I too love the solitude..

L

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labc0202
22 oct

Oh oui la belle Michelle, quelles belles rencontres de coeurs et d'âmes nous avons eu la chance de partager! merçi de les avoir initiées!

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