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Les mots du dimanche

Par Michelle Courchesne

Vue du ciel



La plénitude desserre les griffes Autour du cou fragile d'une madone des divans Plus rien à retenir

Libérer les gestes séculaires Apaiser la peur du reptile Adoucir la colère du fauve Redonner à la tendresse ses lettres de noblesse Seule la goutte de pluie a de l'importance


 

Nicole Brazeau, "Challenger", huile sur toile.

Cette semaine, c'était la première rentrée scolaire où je n'entrais pas. Pas de classe, pas d'élèves, pas de planification, tout comme dans mes anciens cauchemars du mois d'août, dans ces rêves d'angoisse du retour de septembre causés par le stress: "Est-ce que je vais être à la hauteur? Est-ce que j'ai encore la main heureuse? Est-ce que le groupe va rapidement se rallier au rythme que je veux leur faire prendre?"


Dans mes années de débutante, je puisais l'inspiration pour les premiers jours de ma nouvelle classe dans le livre de Jacqueline Caron: "Quand revient septembre", pour ne pas ressentir le syndrome de l'imposteur quand les enfants y entraient pour la première fois. Le déroulement de mes premières rencontres de parents suivaient les suggestions de cette pédagogue et ont, par la suite, continué dans le même sens, ça marchait. On garde ce qui fonctionne. On se fie à celles qui ont déjà bravé la tempête.


Ce sont toujours les premiers pas qui sont difficiles. En m'adressant à mes collègues qui m'avaient organisé, en juin dernier, le plus chaleureux des partys de retraite, hommages, émotions, enfants dans le gymnase pour un au revoir, je leur disais que c'étaient les premières années qui étaient difficiles, après, ça coulait de plus en plus, le chemin se traçait, l'expérience entrait. J'enjoignais les plus jeunes de l'équipe de tenir bon lors de ces premières années. Après, le plaisir d'enseigner pouvait arriver.


La rentrée apporte également avec elle les nouvelles désastreuses du monde de l'éducation. Il manque cruellement d'enseignant.e.s qualifié.e.s. Les bonzes s'imaginent que c'est à la portée de tout le monde d'enseigner, que "L’objectif, c’est d’avoir un adulte » pour chaque classe à la rentrée, a indiqué le ministre Bernard Drainville." (La Presse, 16 août 2023). Je me pince! J'ai une longue liste de choses à changer à proposer au ministre de l'éducation mais je n'ai pas encore assez de recul pour lui envoyer une communication diplomatique! Je me contente de souhaiter une bonne année scolaire à mes anciennes collègues et à toutes ces personnes qui croient à cette profession trop peu reconnue qu'est l'enseignement. Elles savent l'importance de la petite graine plantée dans un terreau pas toujours optimal et qui, un jour, sans crier gare, va sortir de son obscurité rassurante et devenir ce qu'elle est: elle-même.

© Texte et photo de Michelle Courchesne

 

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