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Les mots du dimanche

Par Michelle Courchesne

Novembre est passé

Lumières

Bleues Vertes Rouges Dorées Blanches

Éphémères

Éclairant le jour qui tombe

Le sommeil me gagne

Le froid reprend sa place

 

Je me suis toujours doutée que l'hiver arrivait plus tôt que le 21 décembre. Je ne suis pas la seule à le voir ainsi, la médecine traditionnelle chinoise considère son arrivée le 7 novembre et sa fin le 15 janvier. Suit une période entre-deux, au cours de laquelle la saison du froid coule vers celle du renouveau, vers le printemps.


Pour cette médecine millénaire, l'hiver est la saison de l'introspection, de l'élément Eau; les reins et la vessie en sont les organes associés. Une saison pour se tenir au chaud: le cou, les pieds, le bas du dos réclament de la laine, matière qui, depuis toujours, offre son réconfort devant la froidure qui s'installe. Question nourriture, les soupes comblent notre besoin de nous réchauffer, à l'intérieur comme à l'extérieur. Une saison où le Yin en est au maximum, juste avant le retour du Yang, au solstice du 21 décembre. (Institut de Qigong du Québec)



Cette année, pour la première fois depuis bien longtemps, je peux laisser mon corps suivre le rythme de la noirceur de novembre. Je n'ai plus à me lever trop tôt, avant que mon corps ait pu dire: "C'est bon, je suis reposé. Debout là-dedans." Le jour, confortablement au chaud dans un chandail de laine, aux pieds, des bas de laine glanés à la friperie, je concocte des soupes aux nouilles de sarrasin, bouillon de miso, légumes frais émincés et tofu. Tenant mon gros bol entre mes deux mains, je savoure le réconfort brulant, salé, moelleux et croustillant à la fois. Le Sudoku devient méditation.


En novembre, j'installe aussi des décorations chez moi. Du rouge, du doré, du lumineux, des étoiles qui s'allument lorsque le soir tombe de bonne heure et que la déprime de novembre s'insinue. Cette année, j'ai la liberté de suivre ce besoin d'ajouter de la lumière et de m'arrimer à la durée du jour. Je dors tout mon saoul. Je vogue sur le ressac de mes rêves. Je prolonge leur durée. J'apprends de leur sagesse floue. Il y neige. Comme les animaux déjà cachés dans leurs refuges, j'hiberne, en harmonie.


Toute la société devrait dormir pendant le mois de novembre, tout fermer, tout arrêter, se rouler en boule et savourer son privilège d'exister, au chaud. (J'entretiens peu d'espoir que cela n'arrive mais j'encourage les amateur.trice.s de couvertures douces et de grasses matinées de ne pas ajouter l'élément culpabilité à leur penchant profond. Je dis ça parce que moi-même, et d'autres personnes que j'aime, sommes facilement touchés par la dépression saisonnière.Ça vient avec le manque de lumière et ça peut frapper fort.)



La dépression saisonnière, aussi appelée « trouble affectif saisonnier », est un problème [..] sérieux qui demande une attention particulière. Il s’agit d’une forme de dépression récurrente qui survient toujours au cours de la même période chaque année. Elle débute généralement à l’automne, souvent vers la fin du mois d’octobre, prend de l’ampleur vers janvier et février et se termine généralement vers la fin du mois d’avril ou en mai, lorsque les journées redeviennent plus longues. Elle est directement liée à la diminution du temps d’ensoleillement et se produit plus fréquemment dans les pays dont la latitude se rapproche du Nord. (Hani Iskandar, M. D., chef médical, Unité des soins intensifs, Urgence, Unité d’intervention brève, Unité de sismothérapie, Institut Douglas)


Novembre, mois de l'hibernation, tu es parti. Nous entrons sur la pointe des pieds dans décembre. La durée du jour diminue, diminue, aiguisant au passage la nécessité de faire briller notre flamme intérieure, de toutes les façons bienfaisantes qui nous sont chères. Au solstice, la durée du jour semblera suspendue, entre deux mondes puis, imperceptiblement, le Soleil reprendra toutes sa force Yang.


D'ici là, n'ayons pas peur de faire réserve de réconfort, de confortable, de chaleureux, de délicieux et de merveilleux, sous forme animale, végétale, transcendantale ou humaine.


La vie est un cycle.

La lumière se cache.

La lumière se montre.

La Lumière revient, toujours.



 

© Texte de Michelle Courchesne. Photos Wix.com et Wikipédia.

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