Écrire sa vie
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Bien des femmes ont raconté leur histoire, considérant, contre toutes les pressions de la société à le rendre inintéressant, que leur vécu valait la peine d'exister par les mots. Pourtant, combien d'histoires encore non écrites pourraient nous dire la diversité du vécu d'être une femme?
Dans son "Dictionnaire intime des femmes" (Quel titre!), Laure Adler évoque, sous la lettre A, le mot "auteure":
"Un mot qui ne passe toujours pas dans la langue courante. Ni auteure ni autrice.
De manière consciente ou inconsciente, la résistance à l'appartenance pleine et entière des femmes à ce métier fonctionne toujours aussi bien... Le combat que mènent certaines pour féminiser les noms de métiers serait-il en vain? À mon avis, il donne de l'importance à des archaïsmes qui perdurent plus qu'il ne fait avancer la reconnaissance de l'égalité des femmes. [...]
Aujourd'hui, on a tendance à penser que le monde des lettres s'est féminisé depuis belle lurette et qu'avec la présence de femmes éditrices dans les "grandes" maisons et de femmes libraires influentes, le combat pour la reconnaissance des femmes "auteures" serait gagné. [...]
Mais les apparences sont trompeuses: les études [2017] montrent que trois fois plus d'hommes que de femmes qui écrivent sont publiés. Et cela ne change pas depuis 50 ans."
Cette semaine, lors d'une fête d'anniversaire joyeuse, une amie me racontait des bouts de sa vie, si particulière. Je l'enjoignais à la raconter, à la mettre sur papier, à en faire une histoire, quitte à y ajouter des bouts de fiction, quoique son vécu ne manque pas de rebondissement et traverse l'Histoire avec un grand H en en prenant des marques indélébiles.
Une autre amie, me sachant friande de mots, aimerait que je mette sur papier la sienne.
Toutes les deux, je leur susurre que leur vie vaut la peine d'être racontée! Mais je m'entends et j'en oublie la mienne. Lorsqu'on en est si proche, on ne voit plus que sa propre histoire, comme celle des autres femmes, ajouterait une tonalité inconnue à notre monde qui a tellement besoin de vrai.
Racontons notre histoire.
Sans plus tarder.
N'attendons pas la permission.
Elle ne viendra que de soi-même.
© Michelle Courchesne, texte et photo